Agroforesterie
Replanter des haies, c’est possible même en viticulture
Au sein du Domaine du Chapitre à Saint-Romain-sur-Cher (Loir-et-Cher), Stéphane Sachet, à la tête d’une société d’agroforesterie, a présenté l’intérêt de la replantation de haies sur un vignoble, le 9 juillet devant une dizaine de viticulteurs.
Au sein du Domaine du Chapitre à Saint-Romain-sur-Cher (Loir-et-Cher), Stéphane Sachet, à la tête d’une société d’agroforesterie, a présenté l’intérêt de la replantation de haies sur un vignoble, le 9 juillet devant une dizaine de viticulteurs.


Une dizaine de viticulteurs se sont retrouvés au Domaine du Chapitre à Saint-Romain-sur-Cher (Loir-et-Cher), mercredi 9 juillet, pour découvrir un projet de replantation de haies porté par la société Agroforesterie et conseil, dirigée par Stéphane Sachet depuis une douzaine d’années. Plus de 5 000 plants ont été installés sur l’exploitation viticole.
« Depuis 2013, nous avons travaillé avec plus d’une centaine d’agriculteurs et replanté 90 000 arbres pour recréer des haies, comme ici au Domaine du Chapitre », explique Stéphane Sachet, chargé du suivi du projet. Après une rapide présentation des participants, le groupe a observé les haies fraîchement implantées à proximité des vignes.
Une densité d’arbres à l’hectare repensée
Alors qu’autrefois on comptait entre 100 et 200 arbres à l’hectare, les nouvelles préconisations tournent autour de 50 arbres. Une densité plus faible, qui permet une gestion durable à long terme. Pour François Desloges, du Domaine du Chapitre, la replantation avait un objectif avant tout paysager : « On voulait occuper le territoire différemment et remettre des fruitiers. Sur ce projet, la moitié des plants sont des fruitiers ». Sur cet îlot de 15 hectares, dont 4 en vignes, l’idée est aussi de donner du sens à l’aménagement tout en valorisant la biodiversité.
Des atouts agronomiques et paysagers
Les haies présentent des effets connus sur les cultures : brise-vent, protection contre le gel, création de microclimats. Dans les vignes, il faut toutefois veiller à éviter la concurrence directe. Ici, les haies ont surtout été plantées le long des chemins, avec une vocation paysagère. À terme, François Desloges envisage d’y réintroduire des animaux. Dans le Sud de la France, certains viticulteurs intègrent déjà les haies et les arbres dans leur conception des parcelles de vignes pour abaisser les degrés d’alcool ou réduire l’acidité des raisins. « Tous types de projets peuvent se penser, mais il faut bien y réfléchir en amont et planter les arbres intelligemment », souligne Stéphane Sachet. L’orientation nord-sud est privilégiée, le choix des essences dépend du sol et l’entretien reste indispensable les premières années.
Dix jours de plantation et un suivi sur trois ans
La plantation des 5 000 plants, réalisée en janvier dernier, a mobilisé une dizaine de personnes pendant dix jours. Plus de trente essences différentes ont été introduites. La société assure un suivi sur trois ans, avec regarnissage des arbres morts. Les tarifs varient de 12,50 à 32 euros le mètre linéaire, avec la possibilité de bénéficier du Pacte en faveur de la haie et de financements publics.
Au-delà des bénéfices agronomiques, l’enjeu principal reste de recréer des paysages vivants et accueillants pour la biodiversité. Les haies abritent en effet de nombreux auxiliaires utiles contre les ravageurs et améliorent la qualité des sols, avec une biomasse accrue de 20 à 60 %. Sourire aux lèvres, François Desloges conclut la visite avec une invitation : « Revenez dans cinq ans, on pourra peut-être cueillir des cerises… Et j’attends avec impatience les abricots ! ».