Aviculture
Salmonellose : la charte sanitaire, clé de l’indemnisation
La réglementation salmonelle pour les producteurs d’œufs coquille s’avère plus restrictive en France que dans les autres pays. L’incidence économique est forte pour un éleveur impacté.
La réglementation salmonelle pour les producteurs d’œufs coquille s’avère plus restrictive en France que dans les autres pays. L’incidence économique est forte pour un éleveur impacté.
La réglementation française oblige les producteurs d’œufs à effectuer une analyse salmonelle toutes les quinze semaines. Elle se divise en deux parties : l’analyse des fientes d’une part, et celle des poussières d’autre part, quel que soit le système de production (conventionnel, bio, label, etc.).
Si une des trois salmonelles interdites, car dangereuses, sur les mille existantes, est détectée, la production d’œufs coquille du poulailler est impropre à la consommation et les poules doivent être abattues.
La réglementation est différente pour les ovoproduits, « car la salmonelle est sur la coquille et non dans l’œuf, précise Brice De Bisschop, producteur d’œufs bio à Vulaines-lès-Provins (Seine-et-Marne) et représentant des aviculteurs seine-et-marnais au sein de la CFA (Confédération française de l’aviculture). Avant 2020, si le retour de l’analyse était positif, les services de la DRPP (Direction régionale de la protection des populations) effectuaient une contre-visite pour réaliser de nouveaux prélèvements. Si le test était négatif, la production pouvait continuer. Il a été mis fin à ce fonctionnement car nous étions les seuls à le faire en Europe. Maintenant, même en cas de contre-analyse négative, on abat l’ensemble des poules. En revanche, chez nos voisins européens, contrairement à la France, aucune analyse des poussières n’est réalisée. Dans ce contexte, 2,5 % du cheptel est abattu chaque année en France contre 1,8 à 1,9 % chez nos voisins européens, les recherches étant moins poussées. En tant qu’éleveurs, on a conscience qu’il faut des règles. La position de l’interprofession est d’ailleurs claire : continuons les analyses de fientes comme chez nos voisins européens mais arrêtons celles des poussières. De plus, il faudrait différencier les poules vaccinées de celles qui ne le sont pas, ces dernières ne pouvant pas attraper la salmonellose ». Toutefois, les vaccins étant vivants, depuis quelques années, il est nécessaire de l’indiquer au moment du prélèvement.
« En outre, certaines enseignes imposent une analyse intermédiaire alors que dans le même temps elles importent des œufs dont la production n’est pas soumise à la même réglementation », dénonce le responsable professionnel.
Autre point d’achoppement, l’indemnisation se fait selon un barème qui n’a pas été revu depuis 2015. Le montant est calculé selon un prix de la poule restante en fonction de l’âge. Or, les prix des œufs, des aliments et des analyses des poussières ont fortement augmenté depuis dix ans, sans compter le vide sanitaire et les deux désinfections nécessaires. De plus, à la suite de l’arrêt du financement par CVO de l’ovosexage, son coût devra être intégré dans le prix du barème.
Par ailleurs, un lot de plusieurs milliers de poules ne se trouve pas immédiatement sur le marché. Les plannings des fournisseurs sont souvent prévus plus de six mois avant, et une trésorerie importante est nécessaire sachant que les indemnisations sont longues à être versées.
Enfin, pour être indemnisé, l’éleveur doit avoir obligatoirement signé la charte sanitaire et respecté son cahier des charges. Brice De Bisschop appelle les producteurs d’œufs coquille à la plus grande vigilance sur ce point. La signature est obligatoire pour les élevages sous contrat, mais on ne peut être charté que si une première analyse est faite.
« Personne n’est à l’abri. Certains éleveurs culpabilisent. Même si la salmonelle peut être détectée dans n’importe quel poulailler. Pour beaucoup, la faute vient de l’agriculteur mais personne ne se remet en cause dans toute la chaîne, alors que les responsabilités peuvent incomber à d’autres intervenants », insiste le producteur.
À noter qu’il existe en parallèle une assurance privée pour compléter l’indemnisation. « L’investissement est à notre charge mais on achète notre tranquillité », conclut l'éleveur.