Semae met en avant la filière semences à Innov-agri
À Innov-agri, l'interprofession Semae a rappelé le rôle stratégique de la filière semences dans l’agriculture française. Diversification, innovation, IA et agroécologie, ce secteur clé entend rester moteur face aux défis climatiques et économiques.
À Innov-agri, l'interprofession Semae a rappelé le rôle stratégique de la filière semences dans l’agriculture française. Diversification, innovation, IA et agroécologie, ce secteur clé entend rester moteur face aux défis climatiques et économiques.

À Outarville, du 2 au 4 septembre, le salon Innov-agri a offert une vitrine de choix à la filière semences et plants. Sur son stand, Semae, l’interprofession, a multiplié les initiatives pour rappeler le rôle fondamental de ce secteur dans l’agriculture française, tout en ouvrant des perspectives d’avenir.
La région au cœur de la dynamique
L’un des points forts de cette édition a été l’organisation d’un forum regroupant une douzaine d’entreprises semencières. Cette initiative visait à montrer la variété des productions régionales et nationales : céréales, potagères, fourragères, lin, mais aussi plants de pomme de terre. Pour Semae, l’objectif était clair : donner aux agriculteurs des clés pour envisager la diversification, un enjeu majeur dans un contexte économique et climatique mouvant. Le Centre-Val de Loire, qui compte 35 établissements de production et accueille plus d’une centaine d’entreprises semencières nationales et internationales, se place au cœur de cette dynamique.
Au-delà des stands, trois conférences sont venues compléter le dispositif. La première a mis en lumière les apports de l’intelligence artificielle dans la sélection variétale. La seconde a donné la parole à des agriculteurs multiplicateurs venus partager leurs expériences. La troisième s’est intéressée aux plantes de service et aux avancées permises par la sélection sur les couverts végétaux. « L’enjeu était de montrer que la filière semences était là. Quand on est sur un salon qui traite de l’innovation, on ne peut pas ne pas parler de semences, de végétal et de création variétale à travers différents axes », explique François Dubois, délégué régional Semae Centre.
Diversification : un levier technique et économique
La production de semences n’est pas une activité marginale. Elle permet de sécuriser des revenus grâce à des contrats établis avec les entreprises semencières, tout en exigeant un savoir-faire particulier. Pour les agriculteurs multiplicateurs, il s’agit de cultures à forte valeur ajoutée, qui demandent rigueur et suivi, mais qui s’intègrent bien dans des rotations diversifiées.
Cette activité ouvre aussi des perspectives en matière d’agroécologie. Les rotations intégrant des cultures semencières participent à l’amélioration de la fertilité des sols et à la réduction de l’usage d’intrants. Des exemples concrets, comme l’association du persil avec de la féverole d’hiver, montrent qu’il est possible de combiner technicité, économie et environnement. Les partenariats avec les apiculteurs pour la pollinisation sont une autre illustration de la façon dont la filière s’inscrit dans une logique de durabilité.
L’intelligence artificielle au service de la sélection
La conférence consacrée à l’intelligence artificielle (IA) a marqué les esprits. Loin d’être cantonnée aux usages numériques du quotidien, l’IA se déploie désormais dans les champs. Elle permet d’analyser des milliers de données issues des essais, d’anticiper la performance des variétés selon leur génome ou leur environnement, et de réduire considérablement le temps nécessaire à la création variétale.
Drones, capteurs ou encore outils de détection des insectes viennent compléter ce panel technologique. L’idée n’est pas de remplacer les sélectionneurs, mais de leur donner un outil d’aide à la décision, capable d’accélérer la mise au point de variétés plus performantes, mieux adaptées aux changements climatiques ou aux attentes des consommateurs.
Un message clair porté aux pouvoirs publics
Mardi 2 septembre, Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, a visité le stand Semae. François Dubois a profité de l’occasion pour rappeler les priorités de la filière. « Accompagné d’un professionnel, nous avons essayé de porter nombre de messages. Pour commencer en présentant la filière et les acteurs, de la recherche à la distribution, en rappelant que la France est toujours aujourd’hui premier exportateur mondial de semences agricoles. Nous avons aussi évoqué trois grands enjeux : les moyens de production, l’innovation — qui est notre ADN — et le renouvellement des générations », souligne-t-il.
La question de l’innovation et des nouvelles techniques génomiques (NGT) a été particulièrement mise en avant. Pour Semae, il est essentiel que la filière française bénéficie des mêmes outils que ses concurrentes internationales. « Chaque jour qui passe sans les mêmes outils que les autres, on perd du terrain », insiste François Dubois.
Inquiétude sur le contexte politique
Dans un climat national incertain, l’interprofession redoute les effets de l’instabilité politique. « L’incertitude, ce n’est jamais bon pour l’économie, c’est générateur de stress et donc contre-productif par essence », observe François Dubois. Le délégué régional regrette la perte de temps liée aux changements de ministres : « Qui dit renouvellement des ministères dit pour nous tout reprendre à zéro. C’est du temps de perdu, on perd de l’énergie à reconvaincre alors qu’on l’a déjà fait six mois plus tôt. Nous sommes forcément inquiets aujourd’hui ».
Une filière tournée vers l’avenir
Avec près de 12 % de leur chiffre d’affaires réinvesti chaque année en recherche, les entreprises semencières confirment leur capacité d’innovation. La France reste le premier producteur européen et le premier exportateur mondial de semences agricoles hors légumes secs. Au total, le secteur mobilise 370 000 hectares et emploie quelque 11 000 personnes.
Voir aussi Innov-agri inauguré sous la pluie par la ministre de l'Agriculture📹