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Une moisson sans temps mort et plutôt correcte en Eure-et-Loir

Au 14 juillet, il n'y avait déjà presque plus rien à battre. Contrairement à la précédente, hachée par les pluies, la moisson 2025 a été rapide en Eure-et-Loir. Et contre toute attente, les résultats, quoique très hétérogènes, ne sont pas si mauvais…

Vendredi 11 juillet, à Arrou. Au final, plus de remorques que prévu sont venues livrer les silos des coopératives du département.
Vendredi 11 juillet, à Arrou. Au final, plus de remorques que prévu sont venues livrer les silos des coopératives du département.
© H.C. - Horizons

La moisson 2025 en Eure-et-Loir est l'antithèse de la précédente, hachée par les pluies et marquée, on s'en souvient, par des rendements pour le moins décevants.

Bâchée en trois semaines

Entamée fin juin cette année, elle s'est poursuivie quasiment sans pause jusqu'à mi-juillet, seuls quelques secteurs proches de Chartres, dans le Perche et aux frontières des Yvelines ont affiché un peu de retard de maturité des blés.

Si les craintes étaient fortes en ce qui concerne les rendements compte tenu des difficultés d'emblavement, des coups de chaleur précoces et de la sécheresse printanière, elles se révèlent fondées sur une partie du territoire, voire d'une parcelle à l'autre. Comme souvent ces dernières années, l'hétérogénéité caractérise cette récolte.

« Elle se manifeste en fonction des terres, de l'enracinement et surtout s’il y a eu de l'eau ou pas, constate le directeur adjoint du pôle agricole de la Scael, Florent Babin. Les écarts en orges et en blés vont du simple au double, avec des rendements de 50 à 100 quintaux. Nous avons des silos qui font une très bonne collecte, presque inespérée, comme à Bouglainval ou à Nogent-le-Roi, voire à Digny où même avec peu d'eau ça sort bien, et à l'inverse des silos où l'on s'attendait à mieux comme à La Loupe, Bretoncelles ou Houville-la-Branche ».

Mieux que prévu

Même constat pour le directeur de la Coopérative agricole Bonneval Beauce et Perche (Cabbep), Guillaume Rivet : « Il y a de très bons rendements. En blé tendre il y a des parcelles qui dépassent les 100 quintaux et d'autres qui font 50… Ça dépend des quantités de pluie, du précédent et d'autres facteurs, mais globalement nous sommes au-dessus de nos prévisions. En tout cas, c'est mieux que nos prévisions, nous estimions des rendements plutôt moyens bas et nous allons être sur du moyen. C'est mieux que l'an dernier, évidemment, et moins bon qu'il y a deux ans », résume-t-il.

Le président de la région eurélienne d'Axéréal, Romain Gallas, relève pour sa part « une grosse hétérogénéité, surtout en blé. C'est le contexte de l'année, avec des blés bien faits mais noyés une bonne partie de l'hiver et nous n'avons pas relevé de secteur particulier, c'est la même chose partout ». Côté rendements, Axéréal annonce des orges d'hiver dans la moyenne olympique, une année correcte en dépit d'implantations difficiles en blé, de bons rendements pour les orges de printemps semées à l'automne mais plutôt moyens pour celles semées au printemps.

Fait notable également, la bonne qualité globale des céréales collectées : « Les lots d'orges et de blé sont très beaux, estime par exemple Florent Babin. Le poids spécifique est bon en blé et en orges, qui sont aussi bien calibrées pour la brasserie. Là où ça pèche, c'est sur le taux de protéines des blés tendres et des blés améliorants. Ce n'est pas catastrophique mais les derniers apports n'ont pas été valorisés ».

« C'est faiblard en protéines pour le blé mais le calibrage des orges est excellent », confirme Guillaume Rivet. Pour Romain Gallas aussi : « Le bémol, c'est le taux de protéines des blés. La qualité des orges brassicoles et leur calibrage élevé nous satisfont ». Tout le monde est donc d'accord là-dessus.

Si aucun souci de maladie n'est mentionné : « Les pluies arrivées pendant la moisson ont altéré la qualité des blés durs et engendré peut-être quelques problèmes sanitaires », relève le responsable de la Scael qui annonce aussi sur cette culture des rendements décevants : « Les lots sont souvent beaux mais ce n'est pas si bon que ça. 65 quintaux à Orgères-en-Beauce, on s'attendait à mieux ».

Le colza cartonne

En revanche, chacun s'accorde sur les bons rendements du colza : « Nous sommes très bons à plus de 50 quintaux alors que nous ne nous y attendions pas », souligne le directeur de la Cabbep. Pour Romain Gallas : « C'est bon, plutôt au-dessus de la moyenne olympique ». Idem à la Scael : « C'est une bonne surprise en rendement et en teneur en huile également. Nous sommes autour de 39 quintaux de moyenne, une bonne année ».

Quant au pois, une culture poussée, par exemple, par le groupe coopératif Axéréal : « C'est une bonne année, estime Romain Gallas. Heureusement, car si les gars se prennent des tôles chaque année, ce sera difficile d'en faire la promotion ». Sur un autre sujet, le président de la région eurélienne pointe également les dégâts de grêle sur certains secteurs et plus particulièrement sur celui de Brezolles, très impacté.

Mais cette moisson particulièrement rapide a conduit les coopératives à s'adapter : « La récolte a été cadencée, il a fallu mettre en place des moyens de dégagement pour assurer la logistique. Il y a eu assez peu de trous et des journées assez denses de livraisons », confirme Florent Babin.

Prix trop bas

Enfin, tous font part de leurs craintes face au niveau actuel des prix : « C'est le hic, les prix ne sont pas en adéquation avec nos coûts de production, pose Romain Gallas. Pour ceux qui ont déjà des difficultés de trésorerie et qui sont obligés de vendre, ce sera compliqué… Ce serait plus facile avec des prix plus élevés ». Pour Florent Babin : « C'est dingue de se dire que pour vivre il faut faire plus de 90 quintaux en orges… Aujourd'hui, si tu ne fais pas ça, tu ne gagnes pas un radis ».

Voir aussi Moisson : précocité record et rendements contrastés en Loiret

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