Une soirée sur le thème de l'accès aux soins des animaux de ferme et d'élevage
La chambre d'Agriculture Île-de-France a organisé une soirée sur le maillage vétérinaire pour discuter de l'accès aux soins des animaux de ferme et d'élevage.
La chambre d'Agriculture Île-de-France a organisé une soirée sur le maillage vétérinaire pour discuter de l'accès aux soins des animaux de ferme et d'élevage.
Quelles sont les solutions pour maintenir l'accès aux soins des animaux de ferme et d'élevage ? La chambre d'Agriculture Île-de-France organisait, jeudi 4 décembre à l'École nationale vétérinaire d'Alfort à Maisons-Alfort (Val-de-Marne), une soirée de restitution des travaux du projet Maillage vétérinaire en Île-de-France. Identification des accompagnements possibles, retours d'expériences réussies, échanges et débats étaient au programme. « Pas d’élevage possible sans vétérinaire et sans soins apportés aux animaux », précise Damien Greffin, président de la chambre d’Agriculture.
« Les sujets liés à l'élevage sont capitaux pour la Chambre », affirme-t-il, rappelant l'événement qui avait lieu quelques jours plus tôt : le débat citoyen organisé à Brie-Comte-Robert, en Seine-et-Marne. « L'élevage façonne nos territoires, enrichit nos assiettes, augmente la résilience des exploitations », décrit-il. Avec environ 500 éleveurs pour plus de 12 millions d'habitants dans la région, les enjeux sont importants pour proposer de la viande locale. Ces derniers mois ont vu augmenter le risque sanitaire : DNC (Dermatose nodulaire contagieuse bovine), FCO (Fièvre catarrhale ovine), ou encore grippe aviaire. Par ailleurs, l'Île-de-France connaît « un essor des détenteurs d’animaux non professionnels avec des particuliers qui possèdent notamment des volailles, avec les fermes pédagogiques ou l'éco-pâturage », commente Damien Greffin. « L'initiative portée sur le maillage vétérinaire doit également permettre de rapprocher le monde rural et celui urbain », ajoute-t-il.
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« Un enjeu de santé publique »
De son côté, la préfète Marie Gautier-Melleray, secrétaire générale aux politiques publiques de la préfecture de région d’Île-de-France, estime qu'il y a « un intérêt grandissant pour l'agriculture locale. De nouvelles perspectives s’ouvrent pour l’élevage ». Les services de l'État ont conscience des difficultés d’accès aux soins vétérinaires pour les éleveurs. « Il faut assurer un développement du maillage pour éviter le développement de maladies. C'est un enjeu de santé publique », formule-t-elle.
« Le maillage vétérinaire en Île-de-France se fragilise depuis plusieurs années. Le départ successif en retraite de praticiens rarement remplacés, accompagné de la hausse de l'activité canine, ainsi que d'une multiplication du nombre de petits détenteurs ont fait fortement diminuer l’accès aux soins », contextualise Philippe Dufour, président du Groupement régional de défense sanitaire d’Île-de-France (GRDS IDF). « Pour répondre à ces défis, la profession agricole a choisi dès 2022 de s'engager collectivement dans ce programme à trois voix avec la profession vétérinaire et les services de l'État. Nous devons maintenant faire face à plusieurs contraintes structurelles avec une faible densité d’élevage, ce qui signifie des déplacements importants pour les vétérinaires, mais aussi à la pénurie nationale de praticiens », complète-t-il.
Formation
Face à cette problématique, le Groupement technique vétérinaire (GTV) d’Île-de-France, une association à but non lucratif, a développé un catalogue de formations continues orientées vers la pratique et sur des thématiques conçues pour répondre aux besoins de la région. « Même s'il est difficile de mobiliser les confrères et consœurs déjà en suractivité canine ou de nouveaux animaux de compagnie et que ces formations ne résoudront pas le déficit de vétérinaires, notamment en bovins, il faut poursuivre l'effort », croit François Rabasse, président du GTV d'Île-de-France. « C'est indispensable pour une prise en charge minimale des animaux de ferme et de loisirs à la fois sur la question du bien-être animal mais aussi sur le plan sanitaire », estime-t-il.
Toujours dans le cadre de la formation, le Centre hospitalier universitaire vétérinaire d’Alfort dédié aux animaux de production (CHUV-AP) a développé des partenariats avec les lycées agricoles, les exploitations, les fermes pédagogiques, etc. L'équipe de neuf vétérinaires, qui a vu son nombre d'animaux accueillis augmenter d'année en année, propose également des déplacements à domicile à l'aide d'un véhicule consacré à l'activité extra-murale depuis 2024. Les vétérinaires du CHUV-AP se déplacent avec des étudiants pour participer à leurs formations.
Plusieurs solutions envisageables
Outre le développement du GTV ou du CHUV-AP, Margaux Gelin, chargée de mission élevage à la chambre d’Agriculture Île-de-France, a évoqué plusieurs solutions envisageables, s'appuyant en partie sur la présentation de plusieurs cas externes à la région : des aides aux investissements à l'image de ce qui existe dans la Région Auvergne-Rhône-Alpes ; une indemnité kilométrique comme proposé par le Département de l'Isère ; des antennes relais points de rencontre à mi-distance comme le Pôle santé animale en cours de création dans l’Yonne ; un service de gardes tournantes ; une mise en valeur de l'Île-de-France auprès d'étudiants de l'École nationale vétérinaire d'Alfort.
Au cours de la soirée, le président de la chambre d’Agriculture et la préfète ont lancé un appel aux collectivités territoriales. La loi DDADUE du 3 décembre 2020 a ouvert la possibilité pour les collectivités de mettre en place des politiques d’attractivité et de soutien, notamment par l’attribution d’aides aux vétérinaires. Ils ont invité les élus présents, ainsi que l’ensemble des acteurs, à se saisir de ces leviers.
« Intéressant sur le plan intellectuel »
Le docteur vétérinaire Nicolas Miche, de la clinique Saint-Nicolas à Gometz-le-Châtel (Essonne), a présenté sa situation en tant que vétérinaire mixte. « J'ai peu à peu récupéré les clientèles de mes confrères lorsqu'ils sont partis à la retraite », explique celui qui se retrouve donc dans un rayon d’exercice très vaste. Et d'ajouter : « C'est très contraignant car ma clientèle reste majoritairement canine. Les rendez-vous s’enchaînent et je manque de vétérinaires compétents avec moi. Depuis quelques mois, je suis seul pour faire les gardes que nous faisions à deux jusqu'à présent. Même si la canine est beaucoup plus confortable, il faut inciter les jeunes à aller dans cette voie. C'est une passion et c'est très intéressant sur le plan intellectuel ».
Soutien de la Région
Le conseil régional d'Île-de-France est partie prenante du projet de maillage vétérinaire. Dans le cadre de son soutien, la Région a notamment financé deux couloirs de contention destinés à la prophylaxie afin d'accompagner la gestion sanitaire des élevages.
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