Après une année 2024 réussie, SN Gatichanvre poursuit son développement
SN Gatichanvre a réalisé une belle année 2024. L'entreprise basée à Prunay-sur-Essonne se développe avec l'achat de nouvelles machines notamment.
SN Gatichanvre a réalisé une belle année 2024. L'entreprise basée à Prunay-sur-Essonne se développe avec l'achat de nouvelles machines notamment.





Petit à petit, SN Gatichanvre monte en puissance. Reprise en 2021 après un dépôt de bilan par Jean-Raymond Vanier, PDG du groupe Plantes et fruits, l'entreprise basée à Prunay-sur-Essonne (Essonne) est opérationnelle depuis le 2 janvier 2024. Elle a utilisé 1 000 tonnes de paille pour sa première année de fonctionnement. L'ambition affichée est d'atteindre les 6 000 tonnes par an avec une usine qui fonctionne en 2x8 depuis avril 2024. De nouvelles machines avaient d'ailleurs été achetées pour permettre un rendement de 2,5 tonnes par heure. Pour 2025, l'objectif intermédiaire a été fixé à 3 000 tonnes.
Dès 2022, SN Gatichanvre a recommencé la production de chanvre avec des agriculteurs sur une surface de 340 hectares. L'année suivante, en 2023, la production occupait une surface de 640 hectares, puis une année olympique en 2024 avec 1 100 hectares cultivés en chanvre. En 2025, la surface cultivée est légèrement en baisse avec 800 hectares. « Ce n'est pas grave parce que nous avons du stock de paille d'avance », affirme Delphin Pallu, directeur de SN Gatichanvre.
L'entreprise est donc à la recherche de nouveaux agriculteurs pour augmenter les contrats et passer à 1 200 hectares cultivés en 2026, sachant qu'il faut entre 1 000 et 1 200 hectares pour atteindre les 6 000 tonnes de production. À terme, la volonté affichée est d'aller jusqu'à 2 000 hectares pour constituer un stock de réserve, mais aussi pour augmenter les cadences, soit en passant en 3x8, soit en achetant des machines supplémentaires. « Il faut que le marché puisse absorber les produits, mais le marché est porteur, en développement, donc nous avons la possibilité de monter en puissance », détaille Delphin Pallu (lire ci-dessous).
De nombreux enjeux
Avec l'ambition de poursuivre cette hausse d'activité, les enjeux sont nombreux pour l'entreprise. Pour étaler le plus possible la récolte des différentes parcelles, l'entreprise utilise diverses variétés. Certaines étant plus précoces, d'autres plus tardives, cela permet de récolter sur plus ou moins trois semaines vers la fin du mois d'août et le mois de septembre. L'entreprise, qui utilise pour le moment l'ingénieur agronome du groupe auquel elle appartient afin de planifier cette moisson, compte recruter un chef de culture prochainement. Ce besoin de contrôle de récolte est l'une des deux raisons qui poussent SN Gatichanvre à commander et à redistribuer l'ensemble des semences auprès des agriculteurs. La seconde tient au fait qu'un seul organisme est habilité pour produire et commercialiser ces semences. Réaliser une commande groupée permet de diminuer les coûts.
Autre aspect à gérer, SN Gatichanvre était arrivé au maximum possible de récolte en 2024 avec seulement trois engins agricoles pour les moissons. En raison de la rigidité de la fibre de chanvre, la filière nécessite des machines spécifiques. L'entreprise a donc décidé d'investir cette année dans deux machines supplémentaires dont une qui permet de récupérer des variétés uniquement paille, sans graines, afin de récolter dès le début du mois d'août. « L'intérêt est d'étaler davantage la moisson, récolter plus tôt pour laisser plus de temps à la paille pour rouir. Le rouissage étant la séparation naturelle des deux composantes de la paille que sont la fibre et la chènevotte », explique Delphin Pallu. Cela permettra d'avoir des fibres plus douces au toucher, mais aussi plus propres, sans chènevotte à l'intérieur, pour réaliser des produits textiles. « Jouer sur le rouissage va nous permettre d'avoir des fibres de différentes qualités en fonction des demandes des clients », précise le directeur de l'entreprise.
La nouvelle machine va également permettre d'élargir le périmètre de récolte possible puisque les graines de chanvre doivent être ramenées le jour de la moisson afin d'être nettoyées et séchées pour éviter à la graine d'oxyder et de ne plus être valorisable en alimentation humaine.
Atteindre 50/50 entre bio et conventionnel
Jusqu'à présent, les agriculteurs partenaires de SN Gatichanvre se situent en Essonne, Eure-et-Loir, Loir-et-Cher, Loiret, Seine-et-Marne et Yvelines. Environ 55 % d'entre eux sont en agriculture biologique et donc 45 % en conventionnelle. « L'objectif est d'atteindre le 50/50 », avoue Delphin Pallu. Il est plus facile de convaincre des agriculteurs qui cultivent en bio en raison des grandes vertus agronomiques du chanvre. Il se cultive sans produits phytosanitaires et nécessite très peu d'eau, sans besoin d'arrosage ou d'irrigation. Il a aussi un effet nettoyant sur la parcelle où il est cultivé.
Par ailleurs, « l'un des avantages du chanvre est la courte durée de son cycle. Il n'occupe que peu de temps la parcelle, d'avril à septembre », détaille le directeur de l'entreprise essonnienne. SN Gatichanvre propose aux agriculteurs de signer des contrats à l'année avec la possibilité de reconduire le contrat annuellement. La surface minimale est de 5 hectares.
Lors de la reprise d'activité, SN Gatichanvre a augmenté d'environ 25 % le tarif de rachat de matières auprès des agriculteurs. Un montant qui reste stable depuis. « Il est important que les agriculteurs puissent tirer un profit de cette opération », note Delphin Pallu.
Quels sont les marchés ciblés par SN Gatichanvre pour se développer ?

Pour poursuivre son développement, SN Gatichanvre cherche également à diversifier ses clients. Aujourd'hui, l'entreprise vend surtout des produits destinés à l'isolation et à la plasturgie à l'aide de la fibre. « Le secteur automobile utilise de plus en plus de fibre de chanvre pour faire des tableaux de bord, des garnitures de portes, des tapis et des moquettes pour le coffre par exemple », détaille Delphin Pallu, le directeur de SN Gatichanvre.
Dans ce domaine-là et dans celui de l'isolation thermique et sonore, l'entreprise vend surtout sur le marché français. Idem pour les produits issus de la chènevotte, dont une partie est également utilisée dans le secteur du bâtiment. SN Gatichanvre dispose d'un agrément de Construire en chanvre pour sa chènevotte. En cas d'utilisation avec une chaux également certifiée pour réaliser un « béton de chanvre » par un artisan, celui-ci pourra bénéficier d'une garantie décennale. La chènevotte peut également être utilisée comme litière pour animaux, notamment les nouveaux animaux de compagnie comme le lapin ou le lézard, mais aussi pour les chevaux. La chènevotte est moins rémunératrice pour l'entreprise essonnienne qui doit faire face à davantage de concurrence en raison de la possibilité d'utiliser d'autres matériaux comme l'écorce de bois, l'anas de lin ou la fibre de coco.
SN Gatichanvre espère diversifier ses clients. Pour la fibre, une troisième voie est possible dans le textile. « Il y a un regain pour les matières végétales, biosourcées, naturelles et écologiques comme le lin et le chanvre », raconte le directeur de l'entreprise. « L'idée est de rassurer le marché du textile avec une matière disponible en quantité et à un prix constant », ajoute-t-il. Pour le moment, cela représente encore de faibles volumes et les gros acteurs les plus proches sont en Turquie, la majorité du marché mondial se situant en Asie. SN Gatichanvre peut espérer compter sur la réindustrialisation en Europe pour que ce marché se développe.
Le chanvre, c'est aussi une graine, appelée chènevis, qui représente le dernier axe de développement. « Historiquement, les graines de chanvre étaient données aux oiseaux et aux poissons, puis on s'est rendu compte que c'était une plante très riche en protéines, en vitamines et en oligo-éléments. Le marché est en plein essor pour l'alimentation humaine », narre Delphin Pallu. Actuellement, la production est surtout consacrée à l'export vers l'Europe de l'Est, notamment la Roumanie, l'Allemagne et les pays scandinaves, où des entreprises travaillent ces graines pour en faire des barres de céréales, des pains, des gâteaux ou encore de l'huile. « C'est une question d'habitude, nous sommes aussi habitués à la gastronomie française avec de l'huile de tournesol ou de l'huile d'olive. Aujourd'hui, en France, c'est surtout consommé en bio et par des personnes qui font vraiment attention à leur alimentation comme des sportifs », explique le directeur.
Une partie de ces graines est également utilisée par le groupe Plantes et fruits. Elles sont envoyées aux Huileries de Beauce à Châteaudun (Eure-et-Loir). L'huile de chanvre est ensuite utilisée en produit alimentaire, mais aussi incorporée dans des crèmes et des produits pour le corps via l'entreprise PMA 28 basée à Varize (Eure-et-Loir).
Face à ces différentes pistes, Delphin Pallu l'affirme : « Tout est possible. Ce sont des choix stratégiques à faire selon les opportunités de marché ».
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