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Chanvre
Gatichanvre : en 2024, des projets et des questions

La visite du préfet de l'Essonne, Bertrand Gaume, et du sous-préfet Stéphane Sinagoga le 11 janvier à Prunay-sur-Essonne (Essonne) a été l'occasion de faire le point sur les projets de l'entreprise Gatichanvre, mais aussi sur les difficultés qui demeurent.

Des idées et des projets plein les cartons… mais une ligne de production à l'arrêt pour cause de nouveau problème technique. Voilà la situation dans laquelle se trouvait SN Gatichanvre en ce début d'année. Ce matin glacial du 11 janvier, Bertrand Gaume, préfet de l'Essonne, Stéphane Sinagoga, sous-préfet, accompagnés d'élus des collectivités locales, écoutent attentivement la présentation de l'usine effectuée par Jean-Raymond Vanier, président de l'établissement — également PDG de Plantes et fruits, le repreneur de Gatichanvre — et Delphin Pallu, son directeur.

Lire aussi Gatichanvre : l'usine a recommencé à produire

Les caractéristiques de la culture du chanvre sont abordées, ainsi que les points forts de la plante : une croissance rapide, qui ne nécessite pas de produit phytosanitaire ni de binage mécanique et pousse sur des sols pauvres ; une qualité environnementale notable, puisqu'un hectare de chanvre capte 15 tonnes de CO2, et enfin des utilisations multiples. À partir du défibrage de la paille, cœur de métier de SN Gatichanvre, on obtient 50 % de chènevotte, qui sert pour le paillage végétal, les litières, les enduits et bétons isolants ; 30 % de fibre ou paille de chanvre qui peut être utilisée dans le bâtiment, la papeterie, la plasturgie ; et 20 % de poussière de chanvre récupérée notamment pour de la méthanisation. La graine de chanvre, elle, est traitée pour produire de l'huile, du tourteau pour l'alimentation animale ou des farines.

Des débouchés prometteurs

Les débouchés sont nombreux et « les différents marchés sont aujourd'hui mûrs », estime Jean-Raymond Vanier. Le béton de chanvre, constitué par un mélange de liant et de chènevotte, intéresse notamment les industriels du bâtiment pour ses nombreuses propriétés. L'automobile est également friande de sièges ou autres éléments de l'habitacle fabriqués à partir de chanvre, parce que ceux-ci permettent d'alléger le poids des pièces. Autre secteur intéressé : les travaux publics, qui apprécient la souplesse des sols constitués en partie avec des fibres de chanvre. Un tronçon de la déviation d'Étampes avait d'ailleurs été réalisé par ce procédé il y a quelques années.

Bertrand Gaume promet de plaider la cause du chanvre auprès des industriels du bâtiment du département, et s'interroge sur la façon dont la commande publique pourrait soutenir la filière, dans la mesure où celle-ci répond à des critères environnementaux exigeants.

L'histoire de l'établissement est ensuite abordée, sans rien cacher des embûches rencontrées par les équipes : les problèmes techniques à répétition à la suite du rachat d'une ligne de production d'occasion qui s'est avérée défectueuse, puis le dépôt de bilan en mars 2021, laissant 9 millions d'euros de dettes et des agriculteurs actionnaires sans solution. Depuis, des investissements importants ont été consentis par le repreneur, puisque la ligne de production a été revue à 80 % : ajout d'une ligne de décortication neuve, changement des deux presses, nouvelles cellules de stockage, mise en place d'une plateforme de gestion de la poussière, etc. L'objectif : traiter 2,5 tonnes à l'heure, contre 1,5 tonne à l'heure précédemment.

Un redémarrage freiné par les problèmes techniques

La matinée se poursuit d'ailleurs par la visite de l'usine et de ses équipements rutilants. Malheureusement, la production est à l'arrêt, pour cause de condenseur défaillant. Plusieurs salariés s'affairent en hauteur pour remettre en état de marche l'outil. Le redémarrage tant attendu peine à se faire, pour cause de problèmes techniques à répétition.

Depuis la reprise par Plantes et fruits, les dirigeants s'efforcent pourtant de rétablir la confiance auprès de leurs différents partenaires, notamment les agriculteurs. Des exploitants qui pour certains attendent le paiement de leurs stocks de récolte. « Nous savons qu'il existe encore des stocks dans les hangars ou sous bâche. Nous ferons notre maximum pour les récupérer, souligne Delphin Pallu. À terme, notre besoin s'élève à 800 à 1 000 hectares de chanvre, notre souhait est donc que de nombreux producteurs nous rejoignent ».

« La rentabilité de cette culture n'est pas extraordinaire pour les agriculteurs, concède Jean-Raymond Vanier. Même si les prix sont passés de 105 euros la tonne à 140 aujourd'hui ». Les dirigeants de Gatichanvre ont eu une idée qu'ils soumettent au préfet : pourquoi ne pas proposer aux agriculteurs qui ont l'obligation de mettre 4 % de leurs terres en jachère (dans le cadre des aides de la Pac) de cultiver du chanvre dans ces parcelles ? « Ce serait un coup de pouce bienvenu pour tous les acteurs », plaide Jean-Raymond Vanier. « Il faudrait porter l'idée à plusieurs dans la profession », répond Bertrand Gaume qui promet qu'il va examiner cette possibilité. En attendant que les pistes se concrétisent, tous espèrent une reprise à plein régime, d'abord en 1x8 dès la semaine prochaine, puis en 2x8 au deuxième trimestre.

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