Aller au contenu principal

Élever des poules pondeuses bio, oui, mais à quel prix ?

Il y a dix ans, Lydie Boussin est devenue éleveuse de poules pondeuses bio. Aujourd’hui, face à la saturation du marché, la jeune agricultrice remet en question son modèle d’exploitation.

Après une dizaine d’années à travailler au sein de la coopérative céréalière AgroPithiviers, Lydie Boussin est devenue agricultrice en 2013. Elle s’est installée sur la même commune que son conjoint, à Pers-en-Gâtinais (Loiret). Désormais, elle élève chaque année 6 000 poules pondeuses en bio sur une surface de 60 hectares. De son côté, son mari Cédric Boussin est céréalier et éleveur ovin depuis son installation en 2011. « Je n’envisageais pas de quitter mon poste sans me mettre à mon compte, précise la jeune femme. À l’époque, il y avait un engouement pour les poules pondeuses, notamment en élevage alternatif comme le plein air ou le bio ». Aujourd’hui, même si Lydie Boussin dit « adorer son métier », elle remet en question son modèle « qui n’offre pas tous les débouchés promis ».

Un projet mûrement réfléchi

En accord avec les exigences qu’impose la vente d’œufs bio, Lydie Boussin fait construire un bâtiment de 1 200 m² avec des trappes pour que ses animaux puissent sortir. Elle explique les raisons qui l’ont poussée à choisir l’élevage de poules pondeuses : « Lorsque j’ai commencé mes recherches en 2011, il y avait un fort engouement pour ce type d’élevage. Sur le papier, il s’agissait aussi d’un marché assez rémunérateur avec des vides sanitaires assez espacés dans le temps ». Pour cette mère de trois enfants, cette nouvelle aventure professionnelle devait l’épanouir et la rendre automne dans la gestion de son planning. « Je voulais avoir ma propre entité, mon indépendance car on ne sait pas de quoi demain sera fait, détaille-t-elle. J’ai donc acheté 6 000 bêtes et c’est encore aujourd’hui mon nombre de poules pondeuses, que je renouvelle chaque année ». Pour rester « cohérente » dans son projet, ses terres ont elles aussi été converties en bio.

Un marché saturé

Après quelques années sans encombre, Lydie Boussin se heurte désormais à plusieurs obstacles. « La filière bio n’est plus valorisée à l’heure actuelle, déplore-t-elle. Même si je note une légère amélioration ces derniers mois, beaucoup d’élevages de poules pondeuses bio ont vu le jour alors que le marché a été momentanément saturé. Sur les céréales, c’est encore pire : le rendement a été divisé par deux. Tant que l’on était payé mieux ça allait, mais cette année je suis payée moins bien qu’en conventionnel ». Le centre de conditionnement avec lequel travaille l’éleveuse lui a d’ailleurs suggéré de passer au conventionnel. « Selon eux, ils ont assez de bio », pointe l'agricultrice qui ne se dit pas fermée à cette idée. « Je ne serais pas contre passer à autre chose. Si la situation ne s’améliore pas, je devrais y réfléchir. »

Des confinements répétés

De plus, la filière volaille est confrontée depuis plus de cinq ans maintenant à la propagation du virus de l'influenza aviaire et, de ce fait, à l’enfermement régulier des cheptels. « Nous avons évidemment les mêmes contraintes que les éleveurs de volailles de chair lors d’une épidémie de grippe aviaire, indique Lydie Boussin. C’est contraignant car le taux de mortalité augmente. Mes poules sont habituées à sortir depuis qu’elles sont petites. L’enfermement les stresse et les rend irascibles ».

De plus, à cause du manque d’acides aminés de synthèse dans leur aliment bio, les poules de l’éleveuse ne régénèrent pas leurs plumes. Leur aspect déplumé représente un manque à gagner lors de leur vente. Elles sont également plus sensibles au piquage. Selon Lydie Boussin, « il manque aujourd’hui quelque chose dans l’alimentation bio qui provoque des carences chez les animaux ».

Actuellement, même si elle est très attachée à son modèle d'exploitation, et qu'elle espère plus que tout que « le marché se régule », Lydie Boussin s'interroge.

Lire aussi Aviculture : une véranda pour préserver le bien-être animal

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Horizons

Les plus lus

Mardi 8 juillet, à Luplanté. Thibaud Guillou (à d.) montre au préfet Hervé Jonathan (au c.) le principe de fonctionnement du bassin tampon de son système d'irrigation qui lui permet de se diversifier.
Thibaud Guillou reçoit le préfet d'Eure-et-Loir pendant la moisson
En plein cœur de la moisson, le préfet d'Eure-et-Loir Hervé Jonathan s'est rendu mardi 8 juillet sur l'exploitation en…
En Île-de-France, la majeure partie des cultures ont vu le passage des moissonneuses-batteuses. L'occasion de faire un premier point des moissons.
En Île-de-France, une moisson 2025 précoce plutôt satisfaisante malgré quelques nuances
Le travail de moissonnage est bien avancé dans l'Île-de-France. Les rendements sont plutôt bons dans l'ensemble, surtout en…
Larchant, mercredi 1er juillet. L'unité de méthanisation Biogaz du plateau injecte dans le réseau depuis quelques minutes.
Le méthaniseur Biogaz du plateau injecte dans le réseau
Le méthaniseur Biogaz du plateau à Larchant a été mis en service le mercredi 1er juillet.
Le canton JA s'est attelé à la préparation de son animation la semaine dernière.
JA 45 prépare le comice de Briare
C’est au lieu-dit Rivotte, à Briare (Loiret), que la communauté de communes Berry Loire Puisaye organisera son comice samedi 2…
Les rendements 2025 s’annoncent en hausse pour l’orge, le colza et le blé tendre, mais les faibles cours du marché compromettent la rentabilité des exploitations.
Moisson : précocité record et rendements contrastés en Loiret
Dans le Loiret, la moisson 2025 s’est déroulée à un rythme inédit, avec des résultats globalement bons. Mais les prix décevants…
La Fédération des chasseurs de Loir-et-Cher a mis en place un comptage par drone au sein de la forêt de Marchenoir pour compter les grands gibiers, un dispositif inédit au sein du département.
Premier comptage de cerfs par drone sur le massif de Marchenoir
Il y a peu de temps a eu lieu un comptage de cerfs élaphes par drone à Marchenoir au sein du département de Loir-et-Cher. Cette…
Publicité