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Yvelines
Les JA de Houdan et de Mantes alertent leur députée

Les Jeunes agriculteurs de Mantes et de Houdan ont reçu Dieynaba Diop, leur députée. Il a notamment été question de la proposition de loi Entraves.

À quelques jours des débats dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale de la proposition de loi Entraves,, portée par le sénateur Laurent Duplomb, une petite dizaine de Jeunes agriculteurs de Mantes et de Houdan ont reçu à Rosny-sur-Seine (Yvelines) vendredi 9 mai leur députée Dieynaba Diop (Parti socialiste). L'élue de la neuvième circonscription des Yvelines avait déjà échangé avec une délégation du syndicat de Houdan de la FDSEA le 24 mars dernier. Une rencontre avec les JA avait ensuite été programmée, Dieynaba Diop souhaitant comprendre les enjeux liés à l'installation des agriculteurs et mieux connaître les attentes du monde agricole.

Actualité oblige, les discussions ont porté sur de nombreux sujets liés aux difficultés du monde agricole et, bien sûr, sur la proposition de loi Entraves. Quelques désaccords se sont fait sentir, notamment sur l'utilisation des produits phytosanitaires. Rapidement, Justine Lemarié, hôte du jour, pose les bases : « Nous voulons que vous compreniez les enjeux de la loi pour notre profession ».

Les freins à l'installation

« Quels sont les freins liés à l'installation ? », questionne Dieynaba Diop. « Le principal frein est l'accès au foncier », explique l'hôte de la réunion. « Sur le territoire, nous faisons face à la pression urbaine avec également de plus en plus de néoruraux autour de nous. Ma ferme est isolée, c'est un peu l'exception », ajoute-t-elle. « Je ne comprends pas certains comportements. Si je m'installe à côté d'une exploitation agricole, je m'attends à entendre les tracteurs tôt le matin », dit la députée. « Les consommateurs veulent du bio, mais ils ne veulent pas les odeurs que cela implique », regrette Quentin Maurice, président du canton de Mantes des JA.

Le problème de l'aménagement routier est également soulevé. « Nous sommes parfois obligés de faire des détours de 30 minutes quand nous pouvions faire un trajet en 15 minutes avant », affirme Justine Lemarié. « Les collectivités pensent à la voiture, parfois au car, mais jamais à nous », détaille Loïc Rivière, président du canton de Houdan des JA. Peu à peu, les discussions prennent une tournure politique.

Alors que la socialiste demande aux Jeunes agriculteurs si les diversifications aident à la rentabilité des exploitations, Romain Martin, ancien président du canton de Houdan des JA explique : « Cela prend énormément de temps. On peut doubler le temps de travail, mais aussi le temps consacré aux démarches administratives ». Et la députée de répondre : « Je sais que l'administratif vous prend énormément de temps. C'est ubuesque et je sais qu'il faut changer cela ».

Concernant la rentabilité, Romain Martin raconte : « Aucune exploitation céréalière n'est rentable. En France, une entreprise n'a pas le droit de vendre à perte, mais nous, agriculteurs, nous pouvons. Au lancement de la Pac, les prix étaient indexés au niveau européen et non au niveau de la bourse. Cela garantissait aux agriculteurs de couvrir leurs charges. Depuis le Traité de Maastricht, la prime Pac est indexée à l'hectare, sachant que nous sommes passés de 420 à 200 euros l'hectare en trente ans. Nous demandons à ce que nos charges soient prises en compte. Il n'y a pas de soucis à avoir des normes environnementales, mais il faut quand même que nous puissions vivre ».

Produits phytosanitaires

Puis vient l'épineuse question des produits phytosanitaires et des surnormes en France. Les Jeunes agriculteurs tentent d'expliquer que de nombreuses filières sont en péril : betterave, pruneau d'Agen, noisette, etc. « Toute l'Europe utilise les produits que nous interdisons et ensuite, nous allons devoir importer les aliments d'Espagne ou d'Italie. C'est aberrant. Pourquoi avons-nous ces interdictions et pas les autres pays ? Notre mot d'ordre, c'est que tant qu'il n'y a pas de solution alternative performante, il ne doit pas y avoir d'interdiction », souligne Justine Lemarié. Pour les noisettes, l'importation se fait jusqu'à la Turquie.

« Au PS, nous sommes contre le retour des néonicotinoïdes interdits. Il y a eu beaucoup d'avancées pour la biodiversité depuis 2018. Là où je suis d'accord avec vous, c'est que les autorités doivent être en capacité de vous offrir une alternative sans perte de rendement. C'est une ligne de crête difficile, mais il faut s'y tenir parce qu'il y a urgence en termes de climat », rétorque Dieynaba Diop. « Depuis que certains produits sont interdits, comment faites-vous ? », leur demande-t-elle. « On serre les fesses », ironise Loïc Rivière. Et d'ajouter : « Au lieu d'un produit plus efficace, nous utilisons deux ou trois produits. Au lieu d'une pulvérisation, nous procédons à deux ou trois passages. Cela veut dire plus de temps, mais surtout plus de gazole, et les produits sont moins sélectifs. Tout cela fait que c'est moins écologique ».

Le président du canton de Houdan confie ses craintes pour l'avenir : « Quand il y a eu la Covid-19 et la guerre en Ukraine, on nous a dit qu'il fallait produire. Maintenant, on a déjà oublié tout cela. Il y a une question de sécurité alimentaire sur le long terme et nous ne voyons pas vers où les politiques veulent nous emmener ». La députée lui emboîte le pas sur ce sujet : « Il n'y a pas de regard sur trente ans. Il faut réfléchir au modèle alimentaire que nous voulons mettre en place et à comment vous faire vivre. Je pense qu'il faut consommer moins, mais mieux », explique Dieynaba Diop. « Le problème, c'est que tout ce qui était intéressant pour l'agriculture dans la proposition de loi a été enlevé en commission », déplore Loïc Rivière. À quelques semaines de l'examen de la proposition de loi Entraves à l'Assemblée nationale, les JA n'avaient pas caché la possibilité d'une action syndicale. Nul doute qu'ils seront présents dans les mobilisations à venir.


Mobilisation

La proposition de loi visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur, dite loi Entraves, doit être discutée en séance publique à l'Assemblée nationale à partir du lundi 26 mai pour un vote solennel prévu mardi 3 juin. Localement, les JA comme la FDSEA ont appelé à participer à la mobilisation nationale à venir.

Lire aussi « La surdité de l’Assemblée nationale est intolérable »

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