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Chambre d'Agriculture
Les moyens de production et la souveraineté alimentaire au cœur des travaux de la session

Les membres de la chambre d'Agriculture d'Eure-et-Loir se sont réunis en session sous la houlette de leur président Éric Thirouin, le 13 mars à Chartres. Il a été beaucoup question de défendre la souveraineté alimentaire et les moyens de production.

Après avoir pris le temps d'examiner son compte financier 2022, qui relève que l'établissement est particulièrement bien géré, les membres de la chambre d'Agriculture d'Eure-et-Loir réunis en session lundi 13 mars à Chartres, en présence du secrétaire général de la préfecture Yann Gérard, entrent dans le dur des travaux.

Faute stratégique

De fait, ils débutent par le tour de l'actualité agricole de son président Éric Thirouin, qui en fournit la colonne vertébrale. Et il démarre en tirant la sonnette d'alarme sur la question de la souveraineté alimentaire : « Si on nous enlève tous nos moyens de production, nous ne pourrons plus produire. C'est aussi simple que cela », lance-t-il, rappelant l'enjeu géopolitique et stratégique de la production de céréales. « La France doit rester dans le peloton de tête des pays producteurs ».

Il pointe ensuite l'écart entre les discours au sommet de l'État, qui prônent qu'il n'y ait pas de distorsions de concurrence entre les moyens de production des agriculteurs français et européens, et la réalité : « C'est à la fois honteux dans ce contexte mondial [… ] et une faute stratégique ». Il prend en exemple l'interdiction des néonicotinoïdes fondée sur un arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne, alors que la France joue un rôle majeur sur le marché de la betterave. Il glisse en passant que ces néonicotinoïdes sont autorisés par voie aérienne en Allemagne… « Nous pouvons clairement nous inquiéter pour ces filières en France. Et la fermeture des usines nous empêchera de faire demi-tour ».

Surtransposition réglementaire

Il relève également la menace qui plane sur des herbicides — S-métolachlore et prosulfocarbe — incontournables pour le désherbage des graminées. Il s'interroge d'autant plus car l'Anses a engagé sa procédure alors que le réexamen de l'autorisation de ces produits par l'Union européenne est en cours. « Ce décalage va provoquer zune nouvelle situation de surtransposition réglementaire et donc des distorsions de concurrence entre États membres ». Et pointe même un peu plus tard que le prosulfocarbe est le seul herbicide encore autorisé en zones drainées… « Nous sommes disposés à sortir du chimique, lorsque cela est possible, mais de grâce pas de retraits sans de réelles solutions alternatives », lâche-t-il au représentant de l'État.

Le président enchaîne sur la nouvelle Pac : « Là encore, l'État ne nous facilite pas la tâche ». Il ne comprend pas que le cahier des charges pour l'accès aux aides des éco-régimes par la voie de la certification CE2+ ne soit pas connu à quelques jours de l'ouverture des télédéclarations. « Comment peut-on justifier cette lenteur de l'administration française ? [… ] Quel est l'objectif derrière ? Inciter les agriculteurs à accéder à ces aides par la voie des IAE*, c'est-à-dire par des mesures de non-production ? ».

Appliquer sans paniquer

Concernant l'irrigation, Éric Thirouin redoute que le climat actuel ne pousse l'administration à revoir la politique de gestion de la nappe de Beauce. « En Eure-et-Loir, nous avons une nappe modélisée depuis plus de vingt ans. Nous savons exactement comment elle évolue. [… ] Il s'agit d'appliquer ce modèle sans panique face aux craintes actuelles ».

Autre point du discours d'Éric Thirouin, la gestion qualitative de l'eau : « Nous ne pouvons que nous insurger sur la réglementation relative aux nitrates qui se renforce et se complexifie, source de contraintes supplémentaires et de distorsion de concurrence. [… ] Pas de mesures qui ne seraient que de la complexité administrative, de la fausse communication grand public, de l'anti-agronomie et donc de la décroissance ».

L'agriculture dépossédée

Il conclut : « Avec tout ce que je viens d'illustrer, on le voit, l'agriculture française se voit dépossédée à grande vitesse de ses capacités à produire. Et le pire est que tout cela s'accompagne d'un recours à l'importation de produits moins-disants, inéquitables et pénalisants pour les agriculteurs et les consommateurs français. N'importons pas l'agriculture que nous ne voulons pas ».


*Infrastructures agro-écologiques.

Trois délibérations votées

Trois délibérations en faveur de la préservation des moyens de production et au profit de la souveraineté alimentaire sont votées ensuite. La première pour contester la nécessité de faire évoluer les règles de gestion de la nappe de Beauce qui ont fait preuve de leur efficacité. La seconde pour s'opposer à toute nouvelle restriction d'utilisation de produits de protection des plantes ou la suppression de molécules, sans alternatives acceptables et efficaces. La troisième pour demander que les surcoûts et pertes de production engendrés par les méthodes de protection alternatives des betteraves soient intégralement compensées par l'État, tant pour les producteurs que pour les transformateurs.

 

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