Aller au contenu principal

Marie-Laure Cuisset : des moutons dans son système

Marie-Laure Cuisset a introduit de l'élevage sur son exploitation de Maillebois. Un atelier qui change tout. Rencontre.

Douce surprise ce matin-là pour Marie-Laure Cuisset qui découvre une ­naissance de triplés au sein de son cheptel.
Douce surprise ce matin-là pour Marie-Laure Cuisset qui découvre une ­naissance de triplés au sein de son cheptel.
© H.C. - Horizons

Exploitante à Maillebois dans le Thymerais, Marie-Laure ­Cuisset a d'abord fait évoluer son système d'exploitation en adoptant il y a six ans les principes de l'agriculture de conservation des sols (ACS), puis a introduit un atelier élevage. Et ça change tout.

Une vraie démarche

« Introduire des animaux a été une vraie démarche. Il y a l'apport de matière organique — en ACS, on tire sur les terres et nous en avons besoin —, cela crée du lien social, ajoute de la biodiversité… Ça engendre beaucoup de choses », souligne-t-elle. Ce projet lui trottait dans la tête depuis un moment : « Nous étions quelques agriculteurs à y penser et nous avons cherché un berger sans terres mais ça ne se fait pas trop par ici… Puis, concours de circonstances, Pierre, mon conjoint, s'est fait licencier et il a pu acheter les moutons qui pâturent chez moi ».

Leur choix s'est porté sur des races rustiques, des limousins croisés île-de-France. Les animaux sont conduits en pâturage dynamique tournant, comme sur cette parcelle de colza et luzerne. Un tiers de la ferme est consacré aux prairies : « Je suis sur le périmètre du captage de Maillebois et j'y fais attention. C'est important, nous sommes un des acteurs majeurs de la protection de l'eau. Bien sûr, ce n'est pas anodin, il y a une incidence sur le revenu. C'est un sacrifice et je comprends pourquoi tous ne le font pas… ».

« L'élevage a aussi permis à des voisins de venir nous solliciter, ajoute Marie-Laure Cuisset. Faire passer la troupe permet de laisser la matière organique sur place, évite les frais de broyage et améliore le tallage. Il y a aussi des agriculteurs qui ont des Cipan. Tout ça crée de beaux partenariats et permet à mes animaux d'avoir des cultures de printemps, je ne peux pas en faire ici ».

Vente directe

La création de cet atelier élevage s'est doublé pour l'exploitante, de son lancement dans la vente directe de ses produits, en l'occurrence la viande de ses agneaux et des légumes, car elle s'est aussi lancée dans le maraîchage. « La vente directe permet de faire prendre conscience que l'agriculture nous nourrit. Et surtout, on a le retour sur ce que l'on fait toute l'année. Les gens le disent quand ils sont contents. En grandes cultures, tu livres et c'est fini ».

+ d'infos :

Pour sa viande d'agneau, c'est par ici : agneaudelablaise@orange.fr.

Les pieds dans les réseaux pour de bon

Depuis quelques années, Marie-Laure Cuisset s'est investie dans la communication sur les réseaux sociaux comme Facebook — où sa page Les pieds sur terre, pour de vrai est largement suivie —, Instagram ou plus récemment TikTok. « Le but est de vulgariser, montrer et expliquer ce que l'on fait. Il y a un monde entre l'agriculture et le reste des gens », qu'elle cherche à combler sans tabou ni fausse pudeur.

Alors elle montre tout : les outils, les traitements, les travaux, la mécanique, l'administratif, les tours de plaine, l'anecdotique, les petites galères du quotidien… « Gamine, je voulais être instit… Là, je fais de la pédagogie. C'est bien de donner l'occasion aux gens de discuter agriculture pour qu'ils ne soient pas abreuvés par les grands médias qui ne connaissent pas le métier. Et puis le monde rural a changé. Beaucoup de gens n'osent plus venir voir les agriculteurs. Ceux qui viennent s'installer ici ne connaissent pas l'agricole et quand tu ne connais pas, tu as peur ».

« Parfois ce que je montre est utile. Après, il y a les commentaires, je me permets d'en supprimer et aussi de répondre pour informer, me justifier. Tout ce qui est animaux, les gens aiment bien, les grandes cultures, moins. 70 % des gens qui me suivent sont hors agriculture et contents de voir ce métier pour de vrai. Mais bon, c'est un boulot supplémentaire. Ça me prend une heure par jour… C'est mon espace à moi ».

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Horizons

Les plus lus

Jeudi 20 novembre, à Pithiviers. Dorian Sagot, président de JA 45, Sébastien Méry et Éric Delorme, respectivement président et secrétaire général de la FNSEA 45, ont encadré la mobilisation.
Feux de la colère : deux mobilisations dans le Loiret 📹
Jeudi 20 novembre, JA 45 et la FNSEA 45 ont organisé deux rassemblements simultanés à Pithiviers et près de Courtenay.…
Bernard Doussineau est trufficulteur sur une parcelle de 3,5 hectares à Villeromain depuis plus d'une quarantaine d'années.
La trufficulture résiste en Loir-et-Cher
Le mois de décembre sonne le début de la récolte des truffes. Lors de l’assemblée générale des forestiers privés de Loir-et-Cher…
Jeudi 13 novembre, à Mont-près-Chambord. Le préfet de Loir-et-Cher, Joseph Zimet, a visité la Tonnellerie du Val de Loire.
Le métier historique de tonnelier perdure en Loir-et-Cher
La Tonnellerie du Val de Loire, l’une des dernières de la région, a ouvert ses portes au préfet de Loir-et-Cher, jeudi 13 …
Lundi 24 novembre, à Chartres. Le président de la chambre d'Agriculture, Yohann Serreau (à d.), a détaillé en session, et pour le préfet Hervé Jonathan, les éléments qui alimentent la crise agricole.
Une session plutôt sombre pour les membres de la Chambre d'Eure-et-Loir
Les membres de la chambre d'Agriculture d'Eure-et-Loir se sont réunis en session sous la houlette de leur président Yohann…
Giremoutiers, lundi 1er décembre. Le président de Seine Grands lacs et de la métropole du Grand Paris, Patrick Ollier, est venu à la rencontre des agriculteurs afin de poser les problèmes et trouver des solutions.
La gestion des inondations mobilise fortement en Seine-et-Marne
Alors que la profession agricole n’a pas été concertée en amont sur des projets d’aménagement, une réunion d’échanges avec le…
Présence d'un loup en Seine-et-Marne
Un loup a été observé dans l'est du département de Seine-et-Marne ces dernières semaines. Les empreintes relevées le confirment.
Publicité