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Prête pour un redémarrage au printemps, Gâtichanvre cherche des producteurs

Reprise à l'été 2021 par un agriculteur et entrepreneur eurélien, l'entreprise essonnienne Gâtichanvre devrait redémarrer d'ici le printemps 2023 avec deux lignes de transformation, dont une flambant neuve.

Tel un phénix qui renaît de ses cendres, Gâtichanvre retrouve peu à peu des couleurs. Reprise à l'été 2021 par le PDG du groupe Plantes et fruits, Jean-Raymond Vanier, l'entreprise a depuis fait l'objet de nombreux changements qui devraient conduire à un redémarrage de l'activité au printemps prochain.

Le 6 octobre, à Prunay-sur-Essonne, Jean-Raymond Vanier (à g.), le PDG de la Société nouvelle Gâtichanvre, aux côtés du directeur, Delphin Pallu.

Tout s'était arrêté le 22 octobre 2019 lorsqu'un des salariés de l'usine s'est blessé grièvement sur la ligne de transformation. L'entreprise est alors mise à l'arrêt, et acculée de neuf millions d'euros de dettes, elle ne redémarrera jamais. Elle est placée en dépôt de bilan par le tribunal de commerce et sous la responsabilité d'un mandataire judiciaire. « Cela a été une période très difficile, se souvient Delphin Pallu, directeur de Gâtichanvre. Nous avons cherché de nombreuses solutions pour sauver l'entreprise. Heureusement, nous avons bénéficié du soutien de la Région Île-de-France, du Département de l'Essonne et de la chambre d'Agriculture de région Île-de-France ».

2,2 millions d'investissements

C'est au printemps 2021 que Jean-Raymond Vanier formule son offre de reprise et fait entrevoir un nouvel horizon à l'entreprise installée à Prunay-sur-Essonne. « Nous nous connaissions déjà puisque Jean-Raymond Vanier était un client de Gâtichanvre, sourit Delphin Pallu. Il nous achetait les graines de chanvre pour faire des cosmétiques et s'était mis à produire du chanvre lui-même ».

L'entrepreneur reprend alors l'actif, les bâtiments, les machines ainsi que trois des salariés de l'entreprise qui devient Société nouvelle Gâtichanvre. Pour relancer l'activité, Jean-Raymond Vanier met aujourd'hui la main au portefeuille. Plus de 2,2 millions d'euros sont investis dans de nouvelles machines de fabrication française qui arriveront sur le site d'ici quelques jours. « La nouvelle ligne de tri aura une capacité de 2,5 tonnes à l'heure et sera beaucoup plus performante pour séparer la fibre de la chenevotte, souligne Delphin Pallu. Cela nous permettra de proposer des fibres techniques destinées à l'isolation des bâtiments, à la fabrication des routes, etc. Nous serons également équipés d'une presse de 40 tonnes ». L'entreprise mène aussi une réflexion sur la valorisation des poussières qui pourraient être transformées en pellets si l'étude en cours sur le pouvoir calorifique de la matière se revèle concluante.

Objectif : 1 000 hectares dès la prochaine campagne

Pour faire tourner l'entreprise, Jean-Raymond Vanier doit aussi recruter. Un technicien et un ouvrier de maintenance ont rejoint l'entreprise l'été dernier et d'autres embauches sont prévues dont un responsable de production ou encore un conseiller agricole. « À terme, l'entreprise devrait compter entre 10 et 12 personnes et l'usine tournera en 2 x 8 », ­précise Delphin Pallu.

Reste qu'il faut désormais convaincre les producteurs de se relancer dans l'aventure. Certains ont en effet été échaudés par les années 2018 et 2019 au moment des difficultés de l'entreprise. « La paille est restée immobilisée dans les hangars des fermes et les exploitants n'ont pas été payés », confirme Delphin Pallu.

Aujourd'hui, c'est donc une véritable opération reconquête qui est en marche car dès la mise en route des machines, il faudra de la matière. « La moisson 2022 s'est très bien passée. Nous avions trente producteurs pour moitié en conventionnel et l'autre moitié en bio. 350 hectares ont été moissonnés ». Gâtichanvre se fixe l'objectif ambitieux d'atteindre 1 000 hectares dès la prochaine campagne. « Nous recherchons des producteurs dans un rayon d'une cinquantaine de kilomètres autour de notre site d'implantation », explique le directeur.

Un marché porteur

Pour convaincre, le directeur affirme que « toute la paille stockée à Prunay-sur-Essonne ou chez les producteurs sera rachetée au prix prévu dans les contrats et traitée dès l'année 2023 grâce aux nouvelles machines à forte capacité ». Delphin Pallu avance également que la filière chanvre a toujours été un marché porteur. « Nous avons toujours vendu ce que nous avons produit. Les clients attendent notre matière, l'offre est encore inférieure à la demande et j'observe que le marché s'accélère depuis quelque temps. Le nœud du problème, c'était la partie transformation. Désormais avec les nouvelles machines dont Gâtichanvre va être dotée, nous avons l'avenir devant nous ».

+ d'infos :

Des réunions d'information individuelles ou collectives peuvent être organisées sur demande directement auprès de Gâtichanvre.

Le chanvre : des atouts agronomiques

Semé en avril et récolté en septembre, le chanvre est une culture qui demande peu d'interventions et libère du temps à l'agriculteur. La plante s'adapte à tous les sols, peut permettre de valoriser des terres pauvres, ne demande pas beaucoup d'eau et grâce à son action couvrante, elle est intéressante d'un point de vue des adventices pour « nettoyer » certaines parcelles, notamment en agriculture bio.

 

Attention toutefois, le chanvre est gourmand en azote. « Il est souvent nécessaire d'apporter 80 à 100 unités avant le semis et il ne reste rien à la sortie », souligne le directeur de Gâtichanvre qui affirme en revanche qu'après un chanvre, il est fréquemment observé un rendement supérieur de 10 à 15 % sur un blé par exemple.

Un conseiller agricole accompagne l'ensemble des producteurs sur la conduite de la culture ainsi que sur les aides possibles — PCAE notamment — pour la construction d'un hangar afin de stocker la paille à l'abri.


Lire aussi Chanvre : une récolte rondement menée


 

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