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Élevage
Un léger mieux pour les éleveurs de petit gibier

Depuis le 28 novembre, la chasse au petit gibier est de nouveau autorisée dans le Loiret. Mais cela sera-t-il suffisant pour pallier les impacts économiques et sanitaires sur les élevages de petit gibier ?

Christophe Bertin, président du syndicat des producteurs de gibier de Sologne

Depuis le 28 novembre, la chasse au petit gibier peut de nouveau être pratiquée. La pratique de la chasse est autorisée dans la limite de 20 km autour de son lieu de résidence pendant une durée maximale journalière de trois heures pour la seule pratique individuelle, ou avec des membres de sa cellule familiale et/ou avec des membres extérieurs.

Cependant, il faut respecter certaines règles : six personnes maximum sont autorisées par groupement de chasse. Tous les participants doivent s'enregistrer avec leurs coordonnées à chaque chasse. Ils doivent également appliquer les gestes barrières et la distanciation physique.

Le port d’un masque, en dehors de l’action de chasse, reste obligatoire.

Christophe Bertin, président du syndicat régional des producteurs de gibier en Centre Val-de-Loire, déclare : « Le second confinement a entraîné un arrêt de la chasse au petit gibier à plumes en plein pic d’activité. Normalement, les trois quarts des animaux stockés sont chassés, vendus et livrés le 15 décembre. Cette dérogation remet les chasseurs dans la plaine mais ce n'est qu'un faux départ. Nous ne vendrons que des petits volumes ».

Les canards vendus au printemps sont élevés à l’air libre ou sur des étangs. La période générale de chasse dans le Loiret est fixée du 20 septembre au 28 février. L’ouverture générale de la chasse au petit gibier a eu lieu également le 20 septembre.

Pour les perdreaux et les lièvres, la fermeture était prévue le 6 décembre. Pour les faisans, la clôture est fixée au 31 janvier 2021.

Faisans et perdrix sont vendus au prix moyen de 9 euros. L’interdiction de chasser et les contraintes imposées aux chasseurs ont obligé les éleveurs à garder les animaux plus longtemps et à les nourrir. Cela génère des coûts supplémentaires : 25 centimes par semaine pour un faisan et 18 centimes par semaine pour un perdreau.

Christophe Bertin explique : « Si nous gardons nos oiseaux deux mois de plus, nous n’avons aucune marge. Nous vendons à perte. En outre, il n’y aura pas assez de pratiquants pour chasser le stock car les gens ne pourront pas être partout. Notre activité est saisonnière ».

Les clients des éleveurs de petit gibier sont des particuliers, des communes, des associations de chasse ou des opérateurs commerciaux. En début de saison, des contacts sont établis afin de déterminer les volumes d’animaux à fournir. Les éleveurs sont payés à la fin de la saison. D’où un gros besoin de trésorerie et, tous les ans, les cartes sont redistribuées.

« Nous sommes la seule profession à fonctionner de la sorte, explique Christophe Bertin. Les céréaliers ont la garantie que l’organisme stockeur acceptera leur production. Nous, après la fermeture de la chasse, les oiseaux invendus ne valent plus rien. Nous fournissons une denrée périssable ».

Le représentant des éleveurs de gibier poursuit : « En raison du stockage, les oiseaux atteignent leur maturité sexuelle. D’où des tensions dans les volières et des risques de grippe aviaire. Cependant, afin de répondre aux règles de biosécurité, nous avons installé des barrières sanitaires. (…) On nous a proposé de faire des plats cuisinés avec les oiseaux. Problème : la filière n’existe pas. En outre, la caille, le pigeon et les volailles festives sont sinistrées… ».

Trois questions se posent : Que fait-on des invendus ? Qui décide des abattages ? Qui paye ? « Nous n’élevons pas des oiseaux pour les euthanasier !, répond Christophe Bertin. Nous demandons à être éligibles à toutes les aides ».

La filière a déjà subi les conséquences du Brexit, le premier confinement et les attaques d'associations animalistes. En cette fin d’automne, elle est confrontée à un second confinement et au H5N8

Via la FNSEA, des contacts ont été pris avec les préfectures de Centre-Val de Loire. Christophe Bertin indique : « Dans le cadre de la commission départementale de la chasse et de la faune sauvage de Loir-et-Cher, nous avons demandé une prolongation de la période de chasse au petit gibier. Nous avons eu une bonne écoute. Au niveau national, une rencontre a eu lieu entre la Fédération des chasseurs et le ministère de l’Agriculture. »

Il note : « L’échange a été de qualité. Désormais, nous attendons de rencontrer conjointement les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique. Nous espérons une solution car la situation est exceptionnelle ! ».

Le président du syndicat régional des producteurs de gibier poursuit : « La profession se trouve à un tournant. Notre image est dégradée. Or nous appartenons à une filière d’excellence. Nous nous sommes toujours remis en cause. Nous trouverons des solutions mais il faudra passer le cap ».

Repères

En Centre-Val de Loire et dans la Nièvre, le syndicat régional des producteurs de gibier compte 80 adhérents.
825 000 oiseaux sont confinés (500 000 faisans, 315 000 perdrix rouges et grises et 10 000 canards), soit 20 % du total national. Dans la région, l’activité représente 150 exploitants et salariés.
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