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Fruits/légumes
Vers la souveraineté alimentaire régionale des fruits et légumes

Interfel Île-de-France a organisé un colloque sur la souveraineté alimentaire des fruits et légumes frais dans la région.

Le comité régional Interfel Île-de-France a réuni l'ensemble des acteurs de la filière fruits et légumes lors d'un colloque à Paris le 25 novembre afin d'échanger sur la question de la souveraineté alimentaire régionale. Éric Moreau, président d’Interfel Île-de-France, dresse le constat : « La part de production régionale dans les fruits et légumes consommés en Île-de-France représente environ 8 %. L'enjeu de ce colloque et de nos actions est de développer la production de manière significative dans la région ».

Avec plus de 12 millions d'habitants, l'Île-de-France est le premier territoire français en termes de consommation. « L'alimentaire demeure une variable d’ajustement pour les ménages », analyse Cécilia Celeyrette, directrice adjointe Stratégie filière fruits et légumes à Interfel, qui note tout de même une demande croissante en fruits et légumes frais due au profil vieillissant des habitants de la région. « En volume, les Franciliens consomment 20 % des fruits et légumes du total de la France », ajoute-t-elle.

Un PAT à l'échelle régionale

L'Île-de-France est dépendante des approvisionnements extérieurs, notamment d'autres régions françaises, et donc plus vulnérable sur les plans économiques, écologiques et logistiques. Le président d'Interfel Île-de-France souhaite un PAT (Projet alimentaire territorial) pensé à l'échelle régionale. « Il faut appréhender une logique au niveau de l'ensemble du territoire et pas au niveau des microterritoires. Il y a des initiatives intéressantes et légitimes, notamment dans la restauration collective, mais elles ne favorisent pas l'émergence d'opérateurs en capacité d'investir et d'adresser des marchés plus importants », estime Éric Moreau. Et de citer l'exemple des carottes : « Le petit producteur de carottes qui doit approvisionner cinquante collèges de son département va se déplacer pour pas grand-chose. Économiquement, cela va avoir un coût important, en plus de consommer beaucoup de carburant ».

Le comité régional d'Interfel entend donc participer à la restructuration de la filière. « Toutes les agricultures ont leur place, mais développer certaines initiatives conduit à fragmenter les flux. Si nous voulons un vrai coup d'accélérateur et davantage de souveraineté alimentaire, il faut des filières de production solides et pérennes, dimensionnées pour couvrir des investissements », détaille Éric Moreau. Selon lui, c'est le seul moyen pour que la région retrouve de la souveraineté alimentaire.

« En 1895, la région était presque autosuffisante en fruits et légumes », contextualise Laure De Biasi, chef de projet agriculture à l’Institut Paris-Région. « La relation entre la ville et l'agriculture a toujours existé. Nous constatons que l'alimentation est au cœur des préoccupations de nos territoires », ajoute-t-elle en mettant en valeur DiagAlim, un outil interactif développé par son agence régionale d’urbanisme et d’environnement qui vise à présenter de façon synthétique et pédagogique les principales caractéristiques du système alimentaire francilien.


Une table ronde sur le développement de filières solides et pérennes pour le futur

De g. à d. : Delphin Meunier (Intermarché), Antoine Frichot (agriculteur), Valérie Lacroute (vice-présidente de la Région), Mickaël Dubois (Saint-Denis), Alexandre Prot (agriculteur) et Christophe Artous (animateur).

Durant le colloque organisé par Interfel Île-de-France à Paris le 25 novembre, une table ronde intitulée Développer des filières solides et pérennes pour le futur était organisée avec plusieurs acteurs de la filière, dont des agriculteurs.

Antoine Frichot, producteur de pommes de terre à Boinville-en-Mantois (Yvelines), est revenu sur le choix de se diversifier en carottes en 2018. « Il y avait une demande de certains clients pour une production locale de carottes. Ce légume cochait tous les critères pour notre diversification dans une nouvelle production avec une valeur ajoutée plus importante que les céréales, retrace-t-il. Nous avons commencé avec deux hectares pour apprendre à sortir un produit de qualité. Au début, nous avons travaillé avec la restauration collective, puis nous avons développé notre stockage et notre chaîne de conditionnement pour nous permettre d'atteindre 30 hectares de production. Cela nous permet de répondre à l'ensemble de nos clients et la carotte représente 15 % de notre chiffre d'affaires ».

Producteurs et distributeurs, un enjeu commun

Comme lui, Alexandre Prot, arboriculteur dans l’Oise, à quelques kilomètres de l'Île-de-France, a misé sur la diversification. « Nous avons planté 5 hectares de poires il y a sept ans, nous faisons la première récolte cette année. Il faut une vision sur le temps long », explique-t-il. « Nous avons doublé la surface de pommes en dix ans pour nourrir les Franciliens, tout en nous adaptant à nos clients. On sait que les pommes que l'on vend dans notre boutique à la ferme ne se vendront pas à Paris », détaille-t-il.

« J'ai envie de les féliciter parce que le métier d’agriculteur est particulièrement difficile alors que les conditions climatiques, les règles et les normes ne s’arrangent pas. On a besoin de vous », clame Valérie Lacroute, vice-présidente du conseil régional d'Île-de-France chargée de l’agriculture et de l’alimentation, rappelant le soutien financier de la Région auprès des agriculteurs : « Il y a également des bonus pour l'installation en maraîchage ou en arboriculture ».

Delphin Meunier, gérant d'un magasin Intermarché, était également invité à prendre la parole. « Je suis optimiste quand j'entends ce genre de discours. Les distributeurs ont un rôle de maillon à jouer pour vous permettre d'écouler la production. Nous devons être capables d'écrire les besoins de chacun sur un cahier des charges pour contractualiser dans la durée », affirme-t-il.

« La restauration collective doit venir en complément des GMS (Grandes et moyennes surfaces, NDLR), notamment sur l'achat et la valorisation des petits calibres », explique de son côté Mickaël Dubois, directeur de la restauration durable de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). « Nous avons été la première commune à créer un lot de marchés public pour valoriser des fruits déclassés, qu'ils soient moches ou hors calibre », détaille-t-il. Selon lui, la souveraineté alimentaire régionale doit se faire en travaillant main dans la main. « Nous travaillons avec les producteurs pour la saisonnalité. Cela nous permet d'être alignés avec les productions du moment. Les fournisseurs comme les grossistes nous facilitent la logistique, puisqu'un seul camion nous livre toute la marchandise », précise-t-il, allant dans le sens d'Éric Moreau, président d’Interfel Île-de-France.

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