Aller au contenu principal

Flavie Delattre cultive l’asperge et le lien humain

Issue du secteur médico-social, Flavie Delattre a repris la ferme familiale loirétaine il y a cinq ans. Elle y a implanté une production d’asperges en vente directe, en misant sur la valeur ajoutée locale, les circuits courts et la création de lien entre agriculteur et consommateur.

Flavie Delattre cultive des asperges sur son exploitation à Férolles.
Flavie Delattre cultive des asperges sur son exploitation à Férolles.
© F.J. - Horizons

Issue du domaine économique et social, Flavie Delattre, 30 ans, a rejoint la ferme familiale à Férolles (Loiret) il y a environ cinq ans. Après des études et une première vie professionnelle dans la gestion des structures médico-sociales, l’accueil du public ou encore la gestion des violences conjugales, elle décide de changer de voie. « Ici, c’était une ferme familiale où personne ne voulait reprendre. Je trouvais ça bête de laisser partir ça. Avec la localisation et les bâtiments, j’ai eu envie de m’engager », explique-t-elle. Ne venant pas du milieu agricole, elle reprend des études pour se former. Elle suit un BTS Acse (Analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole). « L’objectif était d’avoir les bases de ce qu’est l’agriculture, mais aussi des éléments bien spécifiques comme le vocabulaire, le fonctionnement administratif ou encore financier, et tous les autres métiers qu’il y a derrière. »

Miser sur un produit du terroir

En parallèle de sa formation, elle analyse l’exploitation familiale, centrée alors sur 150 hectares de grandes cultures. « Agronomiquement et économiquement, il y avait des limites qui se présentaient », constate-t-elle. Flavie Delattre décide donc de diversifier la production, avec l’idée d’implanter une culture à forte valeur ajoutée, qui reste sur la ferme. « De par mon profil, je ne voulais pas une culture pour laquelle je travaillais toute seule. »

L’asperge s’impose naturellement. Le sol sablonneux de Férolles s’y prête parfaitement et, au même moment, plusieurs producteurs du secteur partent à la retraite. La proximité de Tigy, considérée comme la capitale de l’asperge dans le Loiret, renforce la pertinence du choix. « L’idée était aussi de proposer un produit du terroir. »

Aujourd’hui, Flavie Delattre cultive 5,5 hectares d’asperges. Le reste de l’exploitation reste en grandes cultures.

Vente directe et lien avec les consommateurs

Pour l'exploitante, la vente directe est un élément central du projet. Elle permet de valoriser le produit tout en créant un lien avec les habitants. « Ça permet de rencontrer des personnes qu’on ne croiserait pas ailleurs, de connaître nos voisins, mais aussi de parler d’agriculture. » Elle insiste sur l’importance de l’échange, au-delà de la simple transaction. « Ce lien permet d’avoir un échange intéressant avec le consommateur, que ce soit sur l’asperge ou sur le monde agricole. »

En complément de la vente à la ferme, Flavie Delattre livre aussi directement plusieurs grandes et moyennes surfaces (GMS), sans passer par des plateformes. « Soit nous les livrons, soit ils viennent chercher les asperges à la ferme. » Ce circuit court lui permet aussi de former les chefs de rayon à la conservation du produit : asperges à l’abri de la lumière, avec un filet d’eau. Elle fournit des points de vente bien au-delà du département, jusqu’à Chartres (Eure-et-Loir) et Paris. « Le fait de fournir les GMS permet de toucher un autre public que celui qui vient à la ferme. C’est tout aussi important ! »

Une culture exigeante et dépendante de la météo

Comme tous les légumes de printemps, l’asperge dépend fortement des conditions climatiques. En 2024, après une campagne très pluvieuse, la saison actuelle a démarré sous de meilleurs auspices. Soleil et pluie modérée ont favorisé un bon début de récolte. « Les volumes varient du simple au double selon la météo. Le pire, ce serait une période de pluie prolongée, de froid et de manque de lumière », explique-t-elle. Dans le Val de Loire, les clients sont attentifs aux conditions : « Ils savent quand commence la saison, mais aussi si la météo est propice ou non ».

L’asperge est un produit délicat, très majoritairement importé en France, malgré une forte demande. La faible production nationale s’explique en partie par le manque de main-d’œuvre. « La récolte, qui s’étend de mi-avril à juin, est très prenante. » Chaque tige est cueillie à la main, avec un geste précis pour éviter de l’abîmer. « L’asperge n’aime pas qu’on la brusque. »

Une fois cueillies, les asperges sont triées et conditionnées pour être vendues à des particuliers comme à des professionnels. « Elle a besoin d’être choyée du début à la fin, elle est donc très gourmande en main-d’œuvre. » Flavie Delattre embauche environ 25 saisonniers chaque saison, des étudiants aux retraités. Nombreux sont ceux qui reviennent d’une année sur l’autre.

Former et fidéliser

Avant de rejoindre les champs, les nouveaux arrivants ne partent pas directement à la récolte. Flavie Delattre leur propose systématiquement une formation de deux heures, pour comprendre le fonctionnement du légume, ses particularités, et la manière de le récolter correctement. Un moment qui permet de transmettre les bons gestes, mais aussi d’expliquer le sens du travail. Une façon pour elle de valoriser à la fois le produit et les personnes qui le récoltent. « Je privilégie le lien, et j’ai besoin que chacun comprenne pourquoi on fait les choses ainsi. »

Mais elle note une difficulté croissante à recruter : « C’est de plus en plus compliqué d’embaucher. Moi je fonctionne en direct. » Certaines candidatures restent sans suite, d’autres peinent à s’adapter aux horaires matinaux. Dans ce contexte, Flavie Delattre continue d’adapter son organisation, en misant sur la proximité, la transmission et la fidélisation de ses équipes saisonnières, pour proposer des produits qui sentent le terroir et le travail bien fait.

Foire aux asperges de Tigy

Rendez-vous les 17 et 18 mai prochain pour fêter l'asperge à l'occasion de la 70e Foire aux asperges de Tigy. L'occasion de déguster les asperges des producteurs du Loiret et de profiter d'un programme qui promet d'être festif.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Horizons

Les plus lus

Vendredi 26 septembre, à Blois. Deux convois d'une dizaine de tracteurs chacun ont traversé les routes de la ville en opération escargot, avant de rejoindre la préfecture.
Les agriculteurs sèment leur colère devant la préfecture de Loir-et-Cher 📹
À l'appel de la FNSEA 41 et de JA Loir-et-Cher, une quarantaine d’agriculteurs ont sorti les tracteurs, vendredi 26 …
Les dégâts de sanglier sur les cultures de printemps représentent des pertes économiques considérables pour de nombreux agriculteurs.
Un premier pas pour lutter contre les sangliers en Loir-et-Cher
Après la demande formulée par la FNSEA et JA 41, une réunion avec le préfet de Loir-et-Cher s’est tenue mardi 7 octobre au…
S'abonner
Pour profiter de l'intégralité du contenu de notre site Internet, recevoir votre journal papier dans votre boîte aux lettres…
Houdan (Yvelines), lundi 22 septembre. De g. à d. : Benoît Breemeersch, éleveur normand adhérent à Cooperl, Bernard Rouxel, éleveur président de Cooperl et Philippe Coudray, directeur du site.
Un nouveau départ pour l'abattoir de Houdan
Repris par la coopérative Cooperl, l'abattoir de Houdan (Yvelines) a changé d'identité et, après quatre années de rénovation, s'…
Le maïs sauve sa récolte, pas ses revenus
Dans le Loiret, la campagne maïs se déroule sous de bons auspices sur le plan agronomique, notamment en irrigué. Mais pour…
Maxime Cherrier, président de la SAS Noix du Val de Loire et producteur de noix à Josnes, revient sur la saison de récolte 2025 en Loir-et-Cher.
Une récolte de noix correcte mais pas à la hauteur des espérances
Depuis la fin septembre, les producteurs de noix sont en pleine récolte en Loir-et-Cher. Celle-ci devrait durer jusqu’à la fin…
Publicité