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Betteraves : des solutions en perspective

Le syndicat betteravier régional a tenu son assemblée générale le 19 novembre. L'occasion pour Alexandre Pelé, président de la CGB Centre-Val de Loire, de revenir sur le contexte de la récolte des betteraves de 2020.

Alexandre Pelé
© © Gabriel Omnès

Cette année, la betterave aura été la triste héroïne d’une série à rebondissements. Alors que les usines de la région terminent déjà la campagne, Alexandre Pelé, président de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) Centre-Val de Loire, nous livre son ressenti sur la situation 2020. « Très tôt en début de printemps, il y a eu cette attaque de pucerons. Les agriculteurs sont intervenus avec les moyens dont ils disposaient, c’est-à-dire des insecticides en végétation. En moyenne, trois traitements ont dû être appliqués. Au-delà du surcoût engendré de l’ordre de 80 à 100 euros de l’hectare, cette approche n’était pas satisfaisante pour les planteurs, tant d’un point de vue économique que sociétal ou même environnemental. D’autant plus que ces traitements se sont révélés inefficaces : ils n’ont pas permis de maîtriser les populations de pucerons qui sont restés en nombre sur nos betteraves. Dès lors, nous savions qu’il y aurait des dégâts très importants. Malheureusement, les pertes de rendements se révèlent aujourd’hui supérieures au plus mauvais scénario envisagé ».

Tous mobilisés pour la filière

Face à cette situation, la CGB a très vite réagi pour interpeller les pouvoirs publics. « La CGB, la FNSEA et les JA, ainsi que les acteurs de la filière, se sont mobilisés de façon coordonnée. Dans un premier temps nous sommes allés voir les représentants de l’État, puis les élus afin de les informer du péril qui menaçait notre filière et pour que notre désarroi remonte au plus haut sommet de l’État. Cette mobilisation collective, renforcée par les témoignages des agriculteurs sur les réseaux sociaux, a fini par être entendue : le 6 août, après avoir rencontré les représentants de l’interprofession, le gouvernement s’est engagé dans un plan de soutien à la filière betterave-sucre, en proposant une modification de la loi sur la biodiversité de 2016, afin de permettre le retour de néonicotinoïdes en traitement de semences des betteraves par dérogation », explique Alexandre Pelé.

Plan national de recherche

La demande de dérogation des néonicotinoïdes est accompagnée d’un plan de prévention pour lequel toute la filière s’engage. En parallèle, il existe un plan national de recherche avec un budget alloué de 7 millions d’euros dans lequel il est prévu de mobiliser tous les acteurs de la recherche afin de trouver une solution pour lutter contre la jaunisse et/ou contre le puceron. « Nous savons que trois ans est une période courte en agriculture : il n’y a qu’un printemps et qu’une récolte par an. Il faudra aller vite pour trouver une solution. Le challenge est élevé et l’enjeu est fort : c’est une condition indispensable pour conserver une filière betterave-sucre en France », souligne Alexandre Pelé.

Les solutions envisagées

À l’heure actuelle, il subsiste trois voies de recherche : « La solution chimique, c’est-à-dire trouver des produits qui soient efficaces pour lutter contre les pucerons ; la solution génétique afin de trouver des variétés de betteraves qui seraient capables de résister grâce à leur feuillage et/ou leur texture, aux pucerons, ou bien d’être tolérant aux virus de la jaunisse ; et enfin, la solution agronomique. Par exemple, semer une plante hôte à côté des betteraves afin qu’elle puisse attirer les pucerons. Ou appliquer des solutions de biocontrôle, qui peuvent exister pour certaines en serre mais pas encore dans les milieux ouverts » (lire aussi ici et ). Malheureusement, la découverte d’une quatrième souche de virus de la jaunisse complexifie encore les recherches. « Nous avons des pistes de réponse sur les autres souches de virus mais pas encore pour cette dernière. Il reste encore du travail », affirme le président de la CGB Centre-Val de Loire.

Indemnisation des betteraviers

Les représentants de l’État ont entendu les messages relayés par la CGB et compris la situation alarmante de la filière. « Mais il y a encore du chemin, notamment au sujet de l’indemnisation des pertes dues à la jaunisse, reprend Alexandre Pelé. À la CGB, nous sommes en pleine expertise des différentes méthodes envisagées pour évaluer les pertes liées à la jaunisse et celles liées à la sécheresse. Il nous faut trouver le système le plus transparent et le moins imparfait possible. Mais nous sommes surtout en attente de l’annonce du montant de l’enveloppe qui sera allouée. Les trésoreries de nos exploitations sont mises à mal. Les planteurs ont besoin de visibilité et doivent pouvoir se projeter au plus vite. Les surfaces de betteraves pour 2021 doivent être consolidées et cela repose sur trois piliers : la dérogation pour l’usage des néonicotinoïdes pour les prochains semis, l’indemnisation jaunisse et des prix de betteraves 2021 qui soient rémunérateurs ». La CGB et la CGB Centre-Val de Loire restent mobilisées sur ces trois sujets et comptent sur les planteurs pour leur apporter leur confiance. « C’est la force de notre organisation et de notre réseau qui a permis d’arriver là où l’on en est aujourd’hui… même si tout n’est pas encore finalisé ! », conclut Alexandre Pelé.

En chiffres

Le rendement régional du Centre-Val de Loire est estimé à 43 t/ha, contre 90,3 t/ha en moyenne dix ans.
Les exploitations perdent au total entre 40 et 75 % de leur rendement.
En cultures non irriguées, la moyenne des rendements est proche de 28 t/ha alors qu’avec l’irrigation (75 % des surfaces betteravières de la région), elle est plutôt à 45 t/ha mais le différentiel de rendement ne couvre pas les charges d’irrigation.
En région Centre-Val de Loire, 1 732 planteurs ont semé 31 666 ha de betteraves.
Les trois sucreries du Loiret ne fonctionneront qu’une soixantaine de jours cette année contre 87 jours en moyenne l'année dernière alors qu’il y avait quatre sucreries avec Toury (et même 95 à 130 jours en 2017).
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